L’oiseleur
25 x 33 cm
Gravure. Impression sur papier. 2024
« Place de la Comédie, un jeune homme exécute une danse de Bohême sous les acclamations de la foule. Une valse tsigane jouée par une violoniste accompagne le danseur. Les badauds l’encouragent à chacune de ses pirouettes et, aux cris d’allégresse du public, il s’élance en déboulés sur le plancher minéral. Le tourbillon créé par ses rotations propage les couleurs de sa tenue alentour, transformant le gris de la pierre en un champ fleuri de myosotis. Le printemps jaillit de son costume dans une explosion de cosmos et de bleuets. Le feu d’artifice floral retombe en pluie de pétales sur la ville et la grisaille des bâtiments disparaît sous la neige végétale de cet enchantement.
Un étourdissement monte tandis que j’observe les tours de piste du magicien. Il agrandit le cercle autour de la musicienne jusqu’à venir me frôler. Au passage, il attrape ma main et m’entraîne dans sa ronde. Les immeubles deviennent flous et les bruits de la cité se perdent dans le lointain. Je remarque alors son étrange chevelure qu’au loin je pensais factice. En réalité, ce n’est pas un postiche fait de plumes exotiques comme je le croyais, mais une véritable chevelure-oiseaux et, au milieu du plumage, des dizaines d’yeux de volatiles me regardent fixement. Absorbé par cette curiosité, je l’ai suivi jusqu’à m’égarer. »
Extrait du passant des Heures.