La jeune fille à l’orange
65 x 50 cm
Dessin aquarellé sur papier. 2025
Allongé confortablement dans une méridienne en bois de cèdre, j’admire la lumière du soir à travers la verrière lorsqu’un éclair bleuté, accompagné d’une mélodie que je crois soufflée d’un hautbois, traverse le ciel de la serre. En un bond, je me suis redressé pour déterminer quel animal étrange aura fait planer son chant d’olifant au-dessus de moi.
« C’est un drongo cendré ! » entends-je prononcer par une voix fluette.
Je me retourne pour voir deux billes noires et scintillantes qui me fixent depuis le massif des lotus géants ; puis, deux mains menues écartent les plantes aquatiques et laissent apparaître une enfant joufflue, à la chevelure brune cerclée d’une couronne de fleurs d’hortensia. La petite fille saute des eaux sombres du bassin sur la margelle en pierre. Chaussée de ses bottes orange en caoutchouc qui remontent sur sa salopette bleu pétrole, la fillette court sur la passerelle, puis s’assied sur la table basse en face de moi.
« Le passereau qui vient de passer appartient au genre Dicrurus et s’appelle Curaçao, complète-t-elle. Charmée de faire ta connaissance, Alexis, je me prénomme Augé, m’annonce l’enfant en me tendant sa menotte terreuse.
Citation extraite du livre : Le passant des Heures, Pierre GAEL, éditions Bod, 2024.