L’arlequin au faucon

65 x 50 cm

Dessin aquarellé sur papier. 2025

À l’emplacement de la maison de mes grands-parents, la magie du rêve a dressé une tente circassienne et, sous l’immense arène couverte, je vois le paysage de Saint-Angelin peint en trompe-l’œil sur le fond circulaire de la scène ; je reconnais le clocher au milieu des toits du village et la route qui serpente au nord en direction du lac de Thosa. Une voix, sortie de nulle part, harangue l’unique spectateur que je suis : « Bienvenue au Cirque des Songes, brave passant ! Venez assister à un spectacle inouï. Que dis-je ! À un tour d’adresse extravagant, un numéro d’illusionniste étourdissant, une prestidigitation de maître. »
[…]
Un silence traverse l’assemblée. L’on retient son souffle. Un projecteur balaie la salle en tous sens, avant d’arrêter son faisceau sur l’un des pylônes qui sous-tendent le fil. Un personnage de la commedia dell’arte, au visage caché sous un masque rouge sombre, se tient debout au sommet du mât. L’arlequin porte, au bout de son bras ganté, un rapace à la tête encapuchonnée. Le roulement du tambour signifie la proximité d’un grand danger. Un frisson d’appréhension parcourt l’auditoire. Le fauconnier retire le capuchon et libère l’animal. L’oiseau pousse un cri strident qui résonne à travers l’espace, puis s’envole. Quelqu’un n’aura pu retenir un « Ha ! » de surprise et le public frémit sous le chapiteau.

Citation extraite du livre : Le passant des Heures, Pierre GAEL, éditions Bod, 2024.

 

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